Semaine mondiale de l’accouchement respecté – Vos droits à l’accouchement
Du 14 au 20 mai, c’est la Semaine Mondiale de l’Accouchement Respecté ou la «SMAR». Comme professionnelle en périnatalité, je ne pouvais passer sous silence cet événement.
Durant toute la semaine dernière, j’ai publié sur mes réseaux sociaux (Facebook, Instagram), plusieurs publications concernant vos droits à l’accouchement et durant votre séjour sur le lieu de naissance.
Dans un premier temps, il est important de comprendre que ce ne sont pas mes recommandations ou conseils personnels, mais bien ceux de l’ASPQ, l’Association pour la santé publique du Québec ainsi que celles de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Vous avez d’ailleurs accès à toutes les informations à ce sujet sur le site www.aspq.org
Lors de la naissance de votre enfant, vous avez plusieurs droits qui valent la peine d’être revendiqués si nécessaire. Voici certains d’entre eux que je considère importants de vous partager.
D’abord, vous avez le droit à l’accouchement d’être accompagné de la personne de votre choix ; votre conjoint, votre mère, belle-mère, une accompagnante à la naissance, etc. C’est valable pour toute la durée du travail, de la poussée, et même au bloc opératoire lors de césarienne, s’il n’y a pas d’anesthésie générale. Généralement, au bloc opératoire, ils accepteront un accompagnateur, tandis qu’en salle d’accouchement, ils vous permettront 2 personnes.
Ensuite, sachez que vous avez le droit de tout faire pour favoriser un environnement calme pour vous permettre de vous sentir en confiance et sécurisée. Dans ce contexte, vous serez en mesure de privilégier un accouchement le plus physiologique et naturel possible, si c’est ce que vous souhaitez. Donc, vous pouvez apporter de la musique, tamiser les lumières et vous pouvez même demander aux infirmières de chuchoter en entrant dans la chambre si vous trouvez qu’elles parlent trop fort !
Ici messieurs, c’est plutôt votre boulot. Vous pouvez aider votre conjointe en vous faisant son porte-parole auprès des intervenants. Cela lui permettra de rester dans son corps et d’éviter d’activer son néocortex, soit sa tête rationnelle. Cette bulle autour la femme est nécessaire pour gérer les sensations intenses de l’accouchement ainsi que pour activer le cocktail hormonal favorable à l’accouchement (sécrétion d’endorphines et d’ocytocine particulièrement).
Toujours dans l’objectif de créer une atmosphère de confiance et de calme, vous avez le droit d’accoucher dans vos propres vêtements (sauf pour le bloc opératoire). Non, les foufounes à l’air dans la jaquette d’hôpital, ce n’est pas nécessairement le choix le plus confortable pour toutes. Apportez vos vêtements si le coeur vous en dit.
Dans le même ordre d’idées, vous avez le droit de demander qu’on respecte vos besoins de repos et d’intimité après la naissance du bébé. Si vous avez besoin de faire une sieste ou que bébé dort, vous avez le droit de demander au personnel de reporter leurs interventions de routine à plus tard.
Vous avez le droit de choisir le lieu de naissance de votre bébé. Au Québec, il y a plusieurs alternatives possibles : dans un centre hospitalier, dans une maison de naissance ou à la maison. Accoucher à la maison ou dans une maison de naissance avec une sage-femme est aussi sécuritaire qu’à l’hôpital lors d’une grossesse normale, sans complications. Au Québec, la sage-femme est aussi qualifiée qu’un médecin pour assurer le suivi de grossesse, l’accouchement et le suivi post-natal jusqu’à 6 semaines. Elle détient un diplôme de baccalauréat universitaire de 4 ans d’études en pratique sage-femme.
Par ailleurs, saviez-vous que malgré la croyance populaire, la majorité des femmes peuvent tenter un accouchement vaginal après césarienne (AVAC) ? Un AVAC se planifie et une bonne préparation est de mise. L’accouchement naturel et physiologique avec le moins de recours pharmacologiques possibles est alors recommandé. L’accompagnement à la naissance et le soutien continu par une personne qui croit sincèrement à l’AVAC sont des clés pour favoriser la naissance dans ce cas.
Aussi, vous avez le droit d’utiliser les méthodes que vous souhaitez pour favoriser votre accouchement : hypnose à la naissance, sophrologie, méthode Bonapace, prendre un bain, massages, etc. Vous avez aussi le droit d’avoir recours à votre ostéopathe ou à votre acupuncteur si ce dernier veut vous accompagner sur le lieu de naissance.
Vous avez également le droit d’accoucher dans la position de votre choix. Je parle oui du moment de l’expulsion, mais aussi durant tout le travail où le col de l’utérus dilate de 0 à 10 centimètres. On peut le faire dans la position où on se sent le mieux tant que la sécurité du bébé et de la mère n’est pas compromise. Il est important de savoir que la position dite gynécologique (sur le dos, les pieds dans les étriers), est la position la moins physiologique pour accoucher. Pour faciliter et accélérer la descente du bébé dans le bassin, il faut libérer le sacrum et pouvoir bouger et se tortiller. Vous pouvez donc choisir d’accoucher couchée sur le côté, debout, à quatre pattes ou accroupie, qui sont toutes des alternatives physiologiques. Connaissez-vous des mammifères qui accouchent sur le dos, les pattes en l’air ?
Vous avez le droit de refuser d’avoir un soluté. Si vous n’avez pas de médicaments à prendre, d’antibiotiques ou autres et que vous êtes dans un accouchement naturel sans péridurale, vous n’avez pas besoin de soluté en permanence. Hydratez-vous !
Vous avez le droit d’exiger qu’on vous demande votre consentement avant toute intervention. C’est ce la notion de choix éclairé. Vous êtes une personne et non un numéro et vous êtes en train d’accoucher, vous avez le droit d’être informée de toutes les interventions et des motifs de celles-ci. Posez des questions ! Par exemple, si on vous dit que vous êtes rendue à une amniotomie (crever les eaux), demandez pourquoi, si c’est pertinent et les pours et les contres. Vous ferez alors un choix éclairé. C’est d’ailleurs la même chose en ce qui concerne toutes les interventions faites avec le bébé après sa naissance. Informez-vous et demandez les raisons de ces actions.
Vous avez le droit de refuser les examens vaginaux. Les médecins ou infirmières aiment souvent savoir où vous en êtes au niveau de la dilatation quand vous arrivez à l’hôpital afin d’évaluer comment progresse le travail. En d’autres cas, les examens vaginaux ne sont pas obligatoires. Si pour vous cela est contraignant, vous pouvez refuser les examens ou encore demander que ce soit toujours fait par la même personne, dans la mesure du possible. Si votre infirmière est partie en pause, vous pouvez demander d’attendre son retour par exemple. Vous avez également le droit de refuser d’être examinée par des étudiants, et ce, en tout temps. Également, vous avez le droit de refuser de la présence d’étudiants (stagiaires, internes, externes, résidents) si cela vous indispose. Pour préserver votre intimité et favoriser la sécrétion des endorphines, vous ne devez pas vous sentir observée ou dérangée durant l’accouchement. De plus, c’est votre droit.
Vous avez le droit de boire et de manger en tout temps pendant l’accouchement. Il n’y a pas de contre-indication, sauf évidemment en cas de césarienne. Je vous dirais même que c’est recommandé de boire et de manger pendant l’accouchement. Cela facilitera le travail et vous donnera de l’énergie pendant ce marathon. Les noix, les fruits, les smoothies ou les galettes protéinées sont des choix intéressants. Je vous conseille de manger des aliments que vous aimez et qui vous font plaisir, ça augmentera la sécrétion d’endorphines.
Vous avez aussi le droit de demander que toutes les interventions faites auprès de votre bébé soient faites dans vos bras. Par exemple, si on veut lui donner de la vitamine K ou encore faire une prise de sang, il n’y a aucun problème à le faire avec bébé dans vos bras.
Vous avez le droit d’exiger de faire du peau à peau après l’arrivée du bébé, idéalement pendant 2 heures. Maintenant, c’est souvent valorisé même en centre hospitalier.
Vous avez le droit de quitter le centre hospitalier après l’arrivée du bébé, et ce, même si vous n’avez pas eu le congé signé du médecin. J’ai entendu beaucoup de choses à ce sujet; comme quoi le centre hospitalier appellera la DPJ ou que si vous retournez plus tard, ils ne soigneront pas votre bébé… Ce n’est pas vrai. Si votre sécurité ou celle du bébé n’est pas compromise et que tout le monde va bien, vous n’êtes pas obligés de rester dans le milieu de naissance.
Voilà un très bref résumé des droits que vous avez en ce qui concerne votre accouchement. Je vous invite à consulter le site de l’ASPQ et celui de l’OMS pour en savoir davantage. Heureusement, maintenant les centres hospitaliers, parce que j’y vais régulièrement, sont de plus en plus ouverts et respectueux de vos besoins et de vos droits en matière d’accouchement physiologique et naturel. Néanmoins, les pratiques et protocoles hospitaliers varient énormément d’un centre hospitalier à l’autre.
Connaissez et faites valoir vos droits. En ce sens, une bonne préparation à la naissance est à considérer. Conjoint(e) ou accompagnateur à l’accouchement, je vous encourage à connaître ces droits et à faire valoir les souhaits de la femme qui accouche si nécessaire. L’accouchement respecté, c’est très important et si vous avez l’impression que vos droits sont lésés, affirmez-vous. Vous n’êtes pas des numéros et vous avez le DROIT de vivre un accouchement humain et à votre image.
La naissance de votre enfant ne reviendra pas deux fois !
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