Et si j’étais l’accompagnante à la naissance de Kate Middleton ?
Voici ce que je lui aurais dit.
Une des nouvelles de l’heure cette semaine a sans doute été la naissance du petit Prince Louis, nouvel arrivé dans la famille royale, fils du Prince William et de son épouse Kate Middleton. Pourquoi je vous parle de cela aujourd’hui ? Parce que ça a suscité tout un tollé sur les réseaux sociaux. On a vu plusieurs internautes se lever pour protester contre le fait que Kate Middleton soit sortie de la maternité seulement 7 heures après son accouchement. Fidèle à la tradition, elle était debout à l’extérieur, son bébé dans les bras, tirée à quatre épingles, coiffée et maquillée à la perfection sur ses escarpins…
C’est ce qui en a choqué plusieurs qui disaient que lorsqu’une femme accouche (on parle ici d’une femme de tous les jours, et non dans la monarchie), elle n’a pas du tout l’air de ça. Bon, sachant ce qu’on sait de la rigidité de la monarchie, et même si je ne commenterai pas leurs façons de faire, je me doute que Kate n’aurait pas eu la liberté de sortir de la maternité, en pantalons mous, dans ses gougounes, avec une toque de cheveux gras sur la tête…
Mais… si j’avais été l’accompagnante à la naissance de Kate, voici ce que je lui aurais recommandé :
Kate, tu n’as pas le choix, il y a des convenances à respecter et tu dois t’y plier. Je suis triste pour toi, parce que je sais que cela n’a sûrement pas été ta décision.
Ce que je te souhaite, c’est qu’en arrivant à la maison, tu profites de tes premiers moments avec ton bébé comme TU en as envie. Je te souhaite d’enfin pouvoir te mettre à nue, faire du peau-à-peau avec ton fils, pendant des heures et des heures, aussi longtemps que TU le voudras. Je te souhaite de pouvoir apprendre à connaître ce petit être sans le regard et le jugement de toutes ces personnes autour de toi.
Parfois, les couples me confient qu’ils ont envie de refuser d’avoir de la visite à la maison dans les premiers jours ou semaines avec leur bébé. Vous vous doutez que cela puisse créer quelques tensions avec la famille et les amis qui ont hâte de voir la binette de bébé. Mais, il ne faut pas oublier que ces moments appartiennent au couple qui vient de donner naissance.
Après tout, c’est un nouvel être qui vient d’arriver au monde, on ne le connaît pas et on a envie de le découvrir et de l’observer. C’est en se collant avec lui, autant qu’on le désire, qu’on fait entre autres nos premiers apprentissages comme parents, qu’on développe un lien d’attachement et qu’on arrive à décoder peu à peu les signaux émis par le nouveau-né. Au-delà de contribuer au développement du sentiment de compétence parentale, c’est aussi ce dont le nouveau-né a le plus besoin : être au chaud, blotti contre ses parents. Il doit s’adapter dans cette transition vers la vie extra-utérine. Il cherche donc des sensations similaires au monde utérin : chaleur, douceur des bercements, le son du cœur de sa mère, la voix douce et réconfortante de ses parents … Ce n’est souvent pas ce qu’il vit dans les bras de tous et chacun qui le visite après sa naissance et il va nous l’exprimer par toutes sortes de signes. Il nous dira, à sa manière, s’il a envie d’interagir ou qu’on réduise les stimulations autour de lui. Mais il faut pouvoir l’observer pour être en mesure de reconnaître ces signes. (Je vous parle d’ailleurs plus longuement de ces signes dans ma conférence « Soyez l’expert de votre bébé », en tournée partout au Québec. Vous trouverez toutes les dates à venir dans la section événements de mon site)
Kate, j’espère que tu pourras vivre ces moments de découvertes et d’amour avec ton conjoint et tes autres enfants. J’ai aussi une deuxième recommandation pour toi.
Comme je le dis à tous les parents, dans les deux premières semaines après ton accouchement, Madame, tu ne fais RIEN ! Par rien, j’entends que tu as le droit de te laver (!), de te nourrir et de nourrir ton bébé, de changer sa couche et de le bercer. C’est TOUT ! Tout ce qui est ménage, lavage, popote, etc., c’est Monsieur (ou la conjointe, c’est selon) qui s’en occupe (bon, peut-être Kate que c’est un peu différent dans ta vie à toi…).
Même si ton accouchement a été extraordinaire, pendant deux semaines, tu RÉCUPÈRES ! Même si tu te sens en forme, ton corps lui a été en gestation pendant 9 mois, a accouché et doit récupérer. Les saignements que tu vis provoquent une perte de fer, donc tu es plus à risque d’anémie ou de fatigue extrême. Le repos aide à réduire ces risques.
Dernière chose, si vous n’avez pas la chance d’être une princesse et d’avoir des employés, demandez de l’aide ! Les gens autour de nous veulent nous aider, mais ne savent souvent pas quoi faire. Ils nous achètent toutes sortes de choses ou apportent du mousseux pour célébrer. C’est bien gentil, mais ce n’est pas ce dont la famille a besoin. Elle a besoin de réel soutien. Concrètement.
Prenez le temps, avant l’accouchement, de dresser votre liste de souhaits, c’est-à-dire la liste des choses dont vous pourriez avoir besoin comme AIDE en arrivant à la maison et donnez-la à vos proches. Par exemple, j’aimerais que quelqu’un vienne chercher mon plus vieux une après-midi par semaine pour l’amener au parc. J’aimerais qu’on vienne me partir une brassée de lavage ou me faire un potage ou un smoothie. J’aurais besoin qu’on m’accompagne à mes rendez-vous chez l’ostéopathe, et qu’on s’occupe de mon bébé pendant le rendez-vous (parce que je désire l’amener avec moi et non le faire garder quelques jours après l’accouchement), qu’on vienne changer la litière du chat, etc.
Vos proches veulent vous aider et cette liste de souhaits, claire, de vos réels besoins les invitera à se mobiliser pour vous donner un coup de main. Aussi, essayez autant que possible de vous entourer de gens avec qui vous aurez envie de partager ce précieux moment, de jaser, de raconter votre accouchement et vos premières expériences de parents. De gens qui auront les mêmes valeurs que vous et qui voudront vous écouter, sans vous bombarder de 1001 conseils qui vous remettront en question.
Kate, comme pour tous les nouveaux parents, je te souhaite beaucoup d’amour et de soutien dans l’arrivée de ce nouveau bébé. J’espère que tu es bien entourée de gens qui t’aideront à préserver la santé de ton corps et de ton esprit. Parce qu’on soit princesse ou la fille arround the corner, nos besoins sont les mêmes !
Mélanie Bilodeau, M.Sc.
Psychoéducatrice
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